C’est une déconvenue pour un jeune diplomate devant partir au Brésil que d’être nommé dans cette Pologne, c’est à dire « nulle part » selon Alfred Jarry, au régime « socialiste », à l’histoire tragique et dotée d’un rude climat. Sa découverte n’en a été que plus exaltante en sillonnant le pays et rencontrant ses habitants au caractère impétueux. C’est ainsi qu’ils ont réussi à se distinguer des autres « pays-frères », notamment grâce à une Eglise omniprésente et nombre d’accommodements avec la doctrine officielle, la France bénéficiant d’une position privilégiée de premier partenaire occidental. Mais les turpitudes des services secrets polonais vont provoquer en 1974 un départ précipité en rétorsion à une expulsion de la France d’espions polonais.
Après un hiatus de près de 30 ans et des évènements considérables, apparaît une « deuxième Pologne », devenue réellement démocratique et où, à la tête de notre Ambassade, il faut porter sa candidature à l’Union Européenne en tentant de limiter son « tropisme américain » qui entraîne nombre de malentendus avec les Autorités françaises et place souvent le chef de poste entre le « marteau et l’enclume », pour aboutir finalement à son départ légèrement anticipé en 2004.
Par-delà ces aléas de la carrière diplomatique, un attachement profond à la Pologne exige alors de continuer d’analyser les vingt années depuis l’adhésion de cette « troisième Pologne » à l’UE, pour constater qu’une lutte sans merci s’y est déroulée entre deux partis issus de « Solidarnosc », les ultra-conservateurs du PiS de Jaroslav Kaczynski ayant mis le pays en coupe réglée avant qu’une coalition libérale dirigée par Donald Tusk ne revienne au pouvoir en 2023. La Pologne peut alors pleinement marquer son « retour » en Europe dont elle devient le « quatrième Grand », incontournable tant aux plans de la sécurité que de l’économie en établissant de nouveau avec la France une relation privilégiée conforme à sa relation d’amitié historique avec elle.