« Qui n’aimerait pas vivre l’aventure de Rip Van Winkle ?… Il s’endort dans la campagne, ce bienheureux Rip et se réveille vingt ans plus tard. Sa barbe a poussé, il ne reconnaît rien ni personne, mais il a traversé la Révolution américaine tranquille mimille ! Franchement, qui ne rêverait pas ces temps-ci de chausser des bottes de vingt ans pour enjamber cette période dans laquelle on piétine misérablement… ? »
C’est que le couvre-feu a du bon quand même : il aiguise la verve satirique de certains caricaturistes et met en alerte bon nombre d’observateurs curieux des événements du temps qui passe en leur donnant envie de transformer l’instant présent en un fait du passé lisible et archivé. L’actualité immédiatement saisie au vol de la plume sans reprise possible – ce qui est dit est dit – fait remonter des souvenirs, surgir des associations parfois surprenantes. Et le fait du jour se garnit alors de concrétions, de sécrétions, d’éléments anciens surgis de l’oubli, devenant ainsi un objet nouveau, une entité à part sortie paradoxalement de sa gangue temporelle pour acquérir une identité originale.
C’est ainsi qu’il faut lire cette Chronique du couvre-feu pleine de bruit et de fureur mais dont le ton familier et l’écriture irréprochable se marient à l’humour nécessaire pour faire entendre ce qu’il s’y raconte sans ambages.
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