Interview d’Aurélien Véron // Auteur de « Le Grand Contournement »

Pourquoi ce livre ?
Pour que la France fasse à nouveau rêver. Notre pays regorge de talents et de pépites. Mais notre Etat providence est une impasse qui nourrit le chômage et fait désespérer les jeunes. Même les réfugiés syriens et irakiens refusent de venir dans notre pays, c’en est presque vexant ! Le modèle social français a entretenu une surenchère qui a nourri le discours populiste du repli sur soi. L’extrémisme nationaliste arrive aujourd’hui en deuxième position derrière l’abstention, premier parti de France. Il est temps d’abandonner la trajectoire ruineuse du dirigisme étatique des 40 dernières années pour emprunter une nouvelle voie, celle de la liberté. Nous avons été gavés à l’Etat providence qui a mené à la défiance généralisée, à l’appauvrissement et à la perte de notre cohésion, nous attendons l’Etat de droit qui ramènera la confiance. Ce livre invite les Français à se projeter dans une France plus heureuse, plus confiante, plus rayonnante. Plus libre, tout simplement.

 

Pourquoi ce titre ? Que signifie-t-il ?
Chacun a repris en catimini la quête de son propre bonheur indépendamment des normes encadrant méticuleusement nos vies et définissant ce qui paraît convenable ou pas aux yeux des pouvoirs publics. L’Etat a infantilisé les Français en les cantonnant au banc de touche tandis qu’il occupait à la fois le poste d’arbitre et de joueur sur le terrain. Il fixe aussi bien les programmes scolaires que nos retraites, planifie les transports et le logement, va jusqu’interdire ou encadrer strictement les feux de cheminée ou la consommation de barres chocolatées. Cette planification est insupportable et ne pouvait pas donner de bons résultats. Mais nous sommes en train de reprendre notre autonomie en contournant son autorité et ses institutions pour jouer le match à la place qui aurait dû être la nôtre. Cette émancipation d’une bureaucratie d’un autre siècle s’accélère de façon désordonnée avec l’ouverture des frontières et l’arrivée des nouvelles technologies, de nouveaux acteurs comme Uber ou Airbnb. Ces nouveaux comportements sont sains mais posent de nouveaux enjeux si nous ne voulons pas glisser dans le chaos.

 

Quelles sont les mesures que vous proposez ?
L’Etat doit éviter de s’enfermer dans le déni en tentant de bloquer ces changements par un sursaut répressif. Sa mission ne consiste plus à nous imposer des choix collectivisés, ni à gérer des services que des acteurs privés, marchands ou non, peuvent assurer de manière bien plus adaptée et efficace. Le recentrage de son action sur ses missions proprement régaliennes commence par l’alignement du statut de la fonction publique sur le droit commun, clef de toute réforme de l’Etat digne de ce nom. C’est ce qui s’est passé en Suisse pour la plus grande satisfaction de la population, qui a constaté une amélioration des services publics, et même des syndicats de fonctionnaires. L’école doit également évoluer plus librement grâce à une autonomie pleine et entière qui passe par des directeurs disposant de réels pouvoirs sur leur établissement. Nous avons en outre besoin d’une fiscalité stable, simple et juste. L’impôt proportionnel sur le revenu répond à ces trois points. Nous pourrions le coupler à un revenu d’existence en substitution de toutes les aides sociales actuelles (et de tous les formulaires, guichets et bureaux en charge de leur traitement). Cet ouvrage redessine ce que la France pourrait devenir en abandonnant ses vieux oripeaux pour des habits neufs, surtout quand nous sommes les derniers en Europe à ne pas avoir changé de tenue.

 

Est-ce que vous pensez que votre livre peut créer une politique ?
Je me suis engagé en politique dans ce sens, pour passer des idées à l’action, pour promouvoir et mettre en œuvre cette vision de plus en plus partagée. Je suis agréablement surpris d’entendre des personnalités politiques au sein des vieux partis de pouvoir reprendre certaines de ces propositions depuis peu. C’est la meilleure preuve d’un changement de l’opinion. Mais comment avoir confiance en ces élus pour aller au bout de cette logique de liberté qu’ils ont combattue pendant des années ? C’est pourquoi je crois indispensable qu’une nouvelle génération de citoyens, en grande partie issus du monde de l’entreprise, se mobilise et prépare cette révolution… par les urnes.

 

En savoir plus sur « Le Grand Contournement »